• Dessins & écrits

    Jackie & Gisarb

    Deux visions, deux regards sur les coulisses de la création …

     

    « Mon statut » : Docteur en Lettres Modernes, enseignante de français, j’aime écrire.

    « Mon rôle » : Les photographes sont là pour photographier. Les dessinateurs pour dessiner. D’autres épuisent leur stylo encre pour ancrer les coulisses de la création dans nos mémoires. Les photos, les croquis, et les mots pour une synergie artistique.

                                                                                                                                                                Jackie

     

    " Aujourd'hui le croquis rapide a pris plus d'importance dans mon travail ainsi que de réaliser des carnets de voyage. Tout est occasion pour croquer des personnes et des spectacles aussi. Depuis 5 ans je suis le laboratoire de recherche de Malandain de Biarritz et diverses performances théâtrales et artistiques. Des fois cela marche; Tutti bene ."

    http://www.gisarb64.com/

                                                                                                                                 Gisarb

  • Une générale généreuse : la nouvelle année sera heureuseAvant la grande première au marché de Quintaou le lendemain matin, les crieurs sont venus habillés en Gavroche ce samedi 9 janvier à l’Ehpad du Séqué. Bretelles et casquettes sont sur le devant de la scène. Les gazettes sont fin prêtes à être distribuées : pour l’instant chaperonnées par Lucille et Claude, elles deviendront dans quelques heures « solitaires et indépendantes ». Le public fidèle de l’Ehpad est également au rendez-vous. Dans cette joyeuse dynamique, pas besoin de chauffer la salle. Et c’est parti pour la première chanson de cette répétition générale : « Quand on s’promène à Amsterdam » fait entendre un beau démarrage d’après Jacques, approuvé par Jésus l’accordéoniste. « Le dénicheur » et le « mauvais garçon » amènent Jacques à prodiguer un conseil avisé, un brin intéressé : « Dans les moments d’accordéon en solo, n’hésitez pas à danser avec celui ou celle qui passera à côté de vous au marché. Si jamais ça marche, draguez de préférence les masseuses… pour mon dos ! ».

    Sur le refrain invoquant par trois fois Scapin, Kristian et Sophie se mêlent à la partie en arrivant avec l’équipement de circonstance : micros et ampli. Les « un deux » de Jacques sont repris en écho par quelques auditrices du premier rang. En revanche, l’une d’elles s’insurge aux premiers mots revisités de « La Java bleue » : « Les anciennes paroles étaient plus belles que ça ! » lâche-t-elle avec aplomb. Nos aînés peuvent avoir la dent dure face à la nouveauté… on ne peut certes pas plaire à tout le monde. Mais cela n’entame pas la bonne humeur collective et la réac’ de service finit par rallier le parti majoritaire des non-grincheux en fredonnant presque malgré elle les adaptations scapines. Anne-Marie, fan de la première heure, donne l’exemple et de la voix pendant que le cercle des crieurs fusionne avec celui des spectateurs. Les amoureux cachés au fond de la salle se font alors remarquer : le monsieur à la casquette bleue a une dame sur son épaule. Il y a du rapprochement dans l’air et « Sous les ponts de Paris » ajoute un souffle de romantisme…

    Retour à la réalité : c’est le moment de l’essayage des foulards confectionnés tout spécialement pour les Gavroches des prochains marchés. Avec cette cerise sur le gâteau, tout le monde se met à voir la vie en bleu ; il suffit parfois d’un joli accessoire pour rendre heureux.

    « Le plus beau tango du monde » transforme la scène en piste de danse : trois couples offrent une belle démonstration chorégraphique, si bien que les amoureux du jour ne peuvent s’empêcher de les rejoindre et semblent surtout retenir la pratique du corps à corps de cette spécialité argentine. Les quatre duos prolongent le bal sur l’air de « La Java bleue », les danseurs de tango parachevant le spectacle musical en mettant tous nos sens en émoi.

    Ces bouffées d’énergie positive ouvrent également l’appétit. Pot et repas de l’amitié terminent cet après-midi plein d’ardeur. Dans l’action, à l’écoute, jeunes, moins jeunes, tous les participants forment une tablée animée : dès le hors-d’œuvre, ça parle sourire, la nouvelle « politesse du désespoir » ; à l’arrivée du cochon de lait, le débat se poursuit autour du sacerdoce et du recyclage, et enfin ça commence à chanter au moment du fromage puis à franchement s’égosiller après avoir partagé la galette, le rouge et le café. En basque, en français, en espagnol, on s’en donne à cœur joie autour de l’accordéon qui donne le ton et de l’accordéoniste qui connait toutes les chansons. On célèbre le Labourd et la Navarre, on siffle là-haut sur la colline, on invite Milord à s’asseoir à notre table, on n’arrive pas à lancer la femme libérée alors on crie après Aline, on fait n’importe quoi pour un flirt avec toi et on voyage, à travers les envolées incantatoires de Jeanine, jusqu’en Andalousie. A la fortune du pot, rien de tel que l’improvisation pour préparer les crieurs de Scapin.

                                                                                Jackie

                                                                                     et Gisarb

     

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  • Combat de boxe à Mendi Zolan.Silence et obscurité dans la salle. Sous les feux des projecteurs, le comédien est seul sur le ring. Face à lui, le metteur en scène à son bureau. Que le spectacle commence.

    Premier round : « J’ai tant aimé ton père, Gennaro » 

    Arrête de bouler, dis le texte, n’oublie pas la virgule, arrête de dire « oh putain », ça sert à rien, respire c’est tout. File-toi un coup d’eau. Ne fixe pas ton regard sur un seul axe, ne garde pas le même ton, ne garde pas la même note. Et puis t’es en arrière là, t’es pas en avant. Arrête de revendiquer, ne sois pas mélancolique, arrête d’expliquer le texte, ne sois pas complaisant. Plus fluide, plus léger que ça, réveille-toi… C’est pas le texte ! Ya une virgule là, pas un point. Arrête avec la gravité : Leonarda, elle se sent bien, elle recommence à vivre, elle est amoureuse, elle est bourrée d’endorphines, elle est comme après l’orgasme de Meg Ryan. Elle est heureuse, elle parle à son fils, pas à Nosferatu le vampire. Tu te projettes en avant au lieu d’être dans le moment : retrouve le moment présent ! Tu veux trop bien faire, ne fais rien qui te bloque, prends le temps de regarder ton fils, tu vas trop vite, sois mou du genou et super content. Et la caresse sur le visage, faut pas que ce soit un mouvement de danse ! Arrête de tout précipiter ! Sois sincère et incarné ! Et n’oublie pas le rythme, reste fluide, ne va pas trop vite. Mouille-toi un peu bon dieu ! Bon, on va laisser mûrir la mère…

    Pause pipi pour Kristian. Jacques boit de l’eau et rajuste son pantalon.

    Deuxième round : « Patience… Patience ! » 

    Ne te précipite pas ! Respire ! C’est trop intellectuel là, trop réfléchi. Ne sois pas dans la démonstration ! Et trouve l’endroit où le filet doit bloquer. Ne fais pas dans le surlignage, sois précis dans ton geste, ne le commande pas. Il faut que tu le ressentes dans le dixième de seconde. En bloquant le filet, tu sors de Leonarda mais faut pas que ça passe par le cerveau. Action-réaction mais pas de cerveau sur un plateau ! Ne fais pas de geste qui commente le texte. Excuse-moi de t’interrompre avant que tu commences : là, c’était bien mais tu as trop fermé le filet car t’as oublié de le remettre en place avant…. Etire tes mouvements en y mettant tout le texte : t’as le temps !

     Pause pipi pour Kristian. Jacques boit de l’eau et rajuste son pourpoint.

     Troisième round : autour du tonneau

     Mais arrête de faire une diagonale ! Ne bouge pas pour bouger, ne dis pas le texte pour dire du texte ! Tourne-toi, stop, bouge plus, va au tonneau, stop, ralentis, et toi « Pa pa pa pa pa pa…. Tac tac texte texte tac tac texte ». Refais tout avec le même itinéraire. Reste avec le jeune homme, regarde pas le sol. La pensée, elle continue, elle s’arrête pas. Mais on comprend pas ce que tu racontes ! Moi, je connais le texte et je suis incapable de comprendre ce que tu racontes ! Et arrête de dire « oh putain ». Mais pourquoi tu bouges ? Reste là ! Ne boule pas ! Le pied droit en trois quart, le gauche un peu en avant. Plus en bas, vers le tabouret. C’est pas vrai, tu m’as refais ta diagonale ! Approche-toi de la barre. De la barre ! Ton regard, il est trop fixe ! Tu t’empêches de jouer, là. Ne t’assois pas, tu vas plus pouvoir te relever après. Retourne au tonneau. Sans accélérer ! Pars au moment où tu veux partir : un mouvement ça se plaque pas, un mouvement ça se vit.

     Pause pipi pour Kristian. Jacques reste dans son personnage, les yeux habités.

     Quatrième round : l’eau du tonneau

     Non mais faut pas non plus que ça devienne dramatique de prendre de l’eau ! Ne joue pas l’eau avant que l’eau soit sur ton visage ! Faut pas confondre précipitation avec énergie et résonnance. Toi : « J’m débrouille », tu bouges… tu fais un tour de trop là ! Tac. Vas-y, tourne le pied. Non, tu partais de l’autre côté… Oui mais pas aussi… mais pourquoi t’enchaînes ? Tu te précipites ! Le texte et le mouvement doivent se tuiler. Oui mais bon, t’y vas, ne joue pas celui qui y va. T’y vas ! C’est bien mais t’as oublié d’enlever le bonnet ! Résonnance. À partir de là, bonnet, eau. Tu prends trop de temps pour l’eau ! Tu brouilles le geste. Voilà ! Sauf qu’il faut respirer.

     Pause pipi pour Kristian et bricolage sur une planche du ponton pour Jean-Paul et François. Gisèle croque dans le noir. Assis dans le public, Jacques note son itinéraire corporel. Il a perdu cinq kilos, il a sérieusement besoin de ses bretelles qui sont pour l’instant à Montréal. Il remonte sur le ring. 

    Cinquième et dernier round : autour du tabouret

     Fais le même geste, le même mouvement. Là, là, la tête en arrière, comme dans la chanson. Baisse tes mains. Tu te retournes trop vite ! Retarde les mouvements ! Bien. Mais t’as oublié la suspension dans le regard. Arrête avec ton « oh putain » ! Ou alors dis « oh call-girl ». Va pas trop vers nous. Même si tu vas revenir vers le tabouret qui est là, on a le temps… reste derrière pour l’instant. Ne boule pas, respire ! Mais c’est pas des fins de phrases, ya des virgules ! Schlak, Pam, Tac, Bam ! Mais te mets pas en place, continue… Vas-y, tu peux descendre ton pied. Les gestes doivent correspondre à l’écriture : en avant, en arrière… Ouvre les yeux, raconte-lui bien l’histoire. Gennaro il est pas là, il est là.

     Ah ben on a bien avancé aujourd’hui, mine de rien !

    Fin du combat… pour aujourd’hui. Pas de knock-out au programme. 

     

                                                                     Jackie

                                                                            et Gisarb

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  • Patinage artistique : atteindre l’imperfection.Il ne faut pas se fier aux apparences : Olivier n’est pas seulement un mec sympa au jean troué et au sweat à capuche décontracté. Ce peintre scénique est un sorcier. Il est accompagné de deux fées, Margot et Marilène, qui ont comme lui traversé l’Atlantique pour nous initier à leur savoir-faire. Le charme a opéré, le décor est planté.

    Olivier sait patiner ; en français et en québécois. D’une part, il défie le dieu Chronos en donnant en quelques jours une coloration aux objets que seul le Temps est normalement en mesure de fixer. D’autre part, en québécois, patiner signifie louvoyer, et Olivier, venu tout droit de Montréal, sait en effet user de moyens détournés pour atteindre son but : l’imperfection. Pour cela, assisté de la fée Margot, il joue d’artifices pour égaler la nature. Il use la matière pour lui donner vie. Il rehausse l’ombre et la lumière. Il crée l’illusion du vrai. Dans ses mains, un objet en plastique devient métallique ou en bois, le carton devient du béton. Et ce, grâce à un régiment d’outils, certains inconnus au bataillon : marteau, tournevis, pied de biche, ponceuse ou sableuse électrique, pompe à peinture, aérographe et spatules de métal mais aussi poignées de sable, lame à rasoir, râpe à fromage et feuilles de thé. Ce magicien a plus d’un tour dans son sac mais son arme fatale, c’est une recette de grand-mère ou plutôt d’ébéniste – si tant est qu’il existe des grand-mères ébénistes. Pour le ponton sur lequel travaillera Scapin, Olivier l’alchimiste fait boire aux différents objets et planches en bois une potion à la couleur peu ragoûtante. Le secret de cet obscur élixir est révélé : du vinaigre blanc mélangé à de la paille de fer. Au bout de deux semaines de macération, le phénomène d’oxydation de cet onguent ouvre les veines du bois qui, une fois raclé, écaillé, troué, teinté, va mystérieusement prendre un aspect vieilli, voire pourri ; autrement dit, il va gagner en vie. Jusqu’à nous transporter dans l’océan du XVIIe siècle. Mais Dame nature ne se laisse pas faire aussi facilement : on ne peut pas toujours prévoir la manière dont vont ressortir les matières naturelles ; ce qui donne de belles surprises organiques. Patiner, c’est tenter d’imiter la réalité, y compris sa part d’imprévu.

    Dans la semaine du 8 au 15 décembre, plusieurs publics de profanes se sont succédés pour assister et participer au rituel d’initiation des patineurs. Les premiers privilégiés furent les résidents de l’Ehpad du Séqué et du Foyer Soleil qui ont pu observer le décor dans ses prémices ; Olivier trouvait le quai encore trop beau, pas assez vieilli. Quelques jours plus tard, les lycéens paysagistes et marins d’Hasparren et de Ciboure n’ont pas vu le même spectacle que leurs aînés : c’est qu’entre-temps, le sorcier Olivier et les fées avaient fort travaillé dans leur officine, à l’entrée d’un hangar bayonnais retiré. Les diverses substances, dont l’huile de coude, avaient fait leur effet sur la matière. Le bois avait été gratté et fouetté à la chaîne, le cordage made in Ciboure brossé maille par maille, la toile imprégnée de thé et d’autres teintes, la peinture du Temps avait été ajoutée là où il le fallait, dans les moindres détails… en témoignent les chiures de mouettes parsemées sur le ponton. Rien n’avait été épargné, tout sentait le vécu : l’opération mystification était réussie.

    Même Scapin semblait prendre vie sous nos yeux, grâce à la fée Marilène qui lui avait taillé un costume patiné à souhait : pantalon à ponts ayant subi de nombreux lavages, coups de lame et de ponceuse ; chemise en soie brute au blanc cassé par le rasoir, la sableuse et les teintures ; pourpoint en velours, bien durement acquis par le roi de la combine lors d’une de ses fourberies; chaussures en toile usée fermées par un bon gros lacet, sans oublier le manteau vert en peau de bœuf, la bourse en cuir… et la casquette ! Scapin est habillé pour l’hiver.

    Après l’inspection des lieux et l’autopsie vestimentaire, les lycéens se sont mués en lutins pour apporter la touche finale au travail des patineurs-ensorceleurs. Un nœud pour la nasse, un nœud pour la lampe à pétrole, un nœud autour du poteau. Pour ces experts en matelotage, ce n’était pas sorcier ; n’en déplaise à Olivier.

                                                                                                                         Jackie

                                                                                                                                   et Gisarb

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  • Version new-look pour les crieurs : deux têtes blondes et une boule à zéro.

    Version new-look pour les crieurs : deux têtes blondes et une boule à zéro.Samedi 28 novembre. Après la répétition avec de vrais p’tits Gavroches de 13-14 ans le matin à Mouguerre, Jacques, accompagné de Didier l’accordéoniste, est venu l’après-midi à l’EHPAD faire chanter « les grands ». Enfin, pas que des adultes  car deux Titis ont rejoint la troupe. Sur l’air du « dénicheur », ils s’en donnent à cœur joie grâce au mot « forfanteri(ii)es » avec lequel on peut s’amuser à prolonger le i et le e. Jacques en profite pour rappeler le mot d’ordre de ces répétitions : « ne pas se prendre au sérieux et se faire plaisir ». Au centre de la ronde, le comédien-chanteur est là pour mobiliser et stimuler le groupe des crieurs, chauffer l’ambiance dans le public et donner vie à ces chansons d’antan revisitées en ajoutant les mouvements aux paroles. « C’est un mauvais garçon » confirme le dicton en chassant la pluie avant d’attirer les éclaircies. Parmi les spectateurs, Anne-Marie est de retour, au premier rang, fidèle au poste. Un monsieur à la casquette bleue fait savoir qu’il a un fils accordéoniste – c’est lui le bavard du jour. Mais il n’en oublie pas de chanter, il connaît la musique.

    Entrée en scène de Kristian, chantant la mélodie de « Quand on s’promène au bord de l’eau » : Anne-Marie a du mal à le reconnaître avec la boule à zéro. Le metteur en scène, tout droit sorti de chez sa coiffeuse, rejoint Jacques au centre du cercle des chanteurs-crieurs : « Les filles, faudra vous attacher les cheveux pour ressembler à de vrais Gavroches… sans forcément vous raser la tête comme moi, hein ! ». Des rires fusent parmi les dames de l’auditoire : un nouveau look fait toujours son effet !

    Après les adaptations scapines de « Padam Padam » et « la Java bleue », une pause s’impose. Quand on chante, il fait soif et chaud. Les joues rougissent, les manches se retroussent, les gilets sont enlevés. A la reprise, Kristian donne de la voix pour transporter tout le monde au marché : « Il est bon mon poisson, il est bon ! », « Achetez mes beaux légumes ! Achetez mes beaux fruits ! », « Demandez le journal M’sieurs Dames ! La vraie vie de Scapin ! Demandez le journal ! ». Sur l’air de « la valse à Dédé de Montmartre », la danse se mêle au chant : la vie s’est bel et bien remise en mouvement.

    Mais toutes les bonnes choses ont une fin… Juste avant de partir, le monsieur au béret noir présent il y a quinze jours me dit au revoir. Je lui fais remarquer que je ne l’ai pas vu dans le public aujourd’hui. Comme un élève pris en flagrant délit de fourberie, il me répond avec un sourire un brin gouailleur : « J’étais au fond ! J’étais au fond ! Oui, c’est beaucoup mieux au fond ! ». Ca y est, on l’a trouvé notre « Scapin le fuyant » : il était à l’EHPAD du Séqué ! Pas de répétition sans quelques dissipés.

                                                                                                                        Jackie

                                                                                                                                   et Gisarb

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    Au lycée maritime de Ciboure. Programme du jour : ramendage et matelotage.

    Jacques, alias Scapin, est prévenu : il faut faire et refaire, répéter et encore répéter le même geste, jusqu’à réussir à l’oublier.

    Chanson de gesteLucile lui annonce qu’elle sera aujourd’hui l’inspectrice des travaux finis. Confiant, Jacques annonce à son tour la couleur au professeur : « je vais l’avoir aujourd’hui, le nœud de pêcheur ». Pour cela, il faut souquer pour bien ramender. Sans oublier le nœud d’arrêt.

     Devant le filet, Jacques comprend qu’il vaut mieux éviter de mettre la charrue avant les bœufs. Autrement dit, dans le langage maritime, faire le nœud avant de charger l’aiguille. Le bon geste ne tient qu’à un fil, coincé entre le pouce et l’index. Celui-ci est levé tour à tour par David et Nathan, les deux futurs bacheliers qui ont fini les premiers le travail demandé.

    Place au matelotage. Jacques a plusieurs cordes à son arc : après les vocales, qu’il connaît bien, c’est au tour de la corde à capeler puis à plonger. David, relayant son professeur, vient montrer à Jacques le coup du serpent. L’histoire semble tout droit sortie d’une fable de la Fontaine :

    A un serpent il prit la soudaine envie

    De sortir de son puits.

    Quand il vit Messire le Loup approcher

    Le tour de l’arbre il fit sans tarder.

    Dans son puits il replongea.

    Et c’est la fin du récit déjà.

    Mais pour le mettre en pratique, c’est une autre histoire. Le principal est de tenir la corde, comme si le serpent était toujours prêt à mordre. Tel est le conseil du professeur qui finit par révéler la morale : avoir le tour de main et ne jamais abandonner le nœud en chemin. Après David, Nathan enseigne à Jacques une autre manière de faire le coup de serpent. Les deux lycéens sont comme des poissons dans l’eau. Quant à Jacques, il se jette dans la gueule du loup et se met à serpenter. Faire et refaire, répéter et encore répéter, pour oublier le geste.

    Sauvé par le gong, le matelot Jacques a bien mérité une pause récré.

    Nouveau cours : des élèves en Bac Pro Commerce se mettent au bleu pour une séance d’épissure. Le professeur avertit les six garçons : « Si vous ne savez pas comment ça s’appelle, je doute que vous sachiez le faire ». La justesse des gestes ne va pas sans celle des mots : surliure, à demi-clé, à la voilière, un mobile, deux fixes, maillages et commettages naviguent dans les esprits jusqu’à bon port. La théorie ne va pas non plus sans la pratique : Marc nettoie les maillages d’un filet pendant qu’Enzo et les autres camarades s’appliquent au décommettage. Le professeur veut entendre le fil chanter. Jacques, qui a le nœud de pêcheur, connaît maintenant la chanson : il faut faire et refaire, répéter et encore répéter. C’est avant tout une chanson de geste, celle qui contera les exploits du héros légendaire Scapin. Le fil rouge des coulisses de la création, celui qui, près de quatre siècles plus tard, crée encore de nouveaux liens. Pour notre plus grand bien.

                                                                                                                            Jackie

                                                                                                                                   et Gisarb

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