• Un anniversaire royal !

    Le 27 septembre 1674, jour béni où Louis XIV fêta ses 64 années, Marie-Jeanne du fief de Mazeray a eu l'inestimable honneur d'assister au goûter royal organisé au Château de Saint-Germain.

    J'ai assisté à la plus merveilleuse fête d'anniversaire que notre bon Roi Louis Le Grand n’ait jamais donnée. Guidée par ma tante Anne Brocard, dame de compagnie de Madame, Henriette d'Angleterre, à travers les couloirs majestueux et richement décorés du château de Saint-Germain, je parvins dans le salon où le Roi éblouissait tous ses courtisans de sa présence.

    Sur une estrade couleur pourpre, la table royale, couverte de la plus belle argenterie, était ainsi mise en valeur. Le Roi siégeant sur son trône dominait l'ensemble de la cour. Je reconnus Monsieur, frère du Roi, à sa conception toute personnelle de l'élégance. Il était recouvert de rubans multicolores, de dentelles et de pierreries, tous ses doigts étaient ornés de bagues. Il devisait allègrement avec le contrôleur général des finances, Monsieur Colbert qui ne semblait pas très loquace.

    Un domestique déposa devant nous un plateau couvert de friandises et nous servi dans de somptueuses tasses de porcelaine de Limoges, un chocolat chaud gourmand. L'arôme suave du cacao déposa sur tous les visages un sourire de béatitude. Ce merveilleux moment ne dura que peu de temps car Mme Françoise-Athénaïs de Rochechourt de Mortemart, marquise de Montespan, pourtant connue pour son adresse, fit un geste malencontreux et renversa sa tasse de chocolat bouillant sur la robe de Mme Anne-Julie de Rohan-Chabot, princesse de Soubise. Cette dernière quitta la pièce en pleurant, suivie au galop par ses dames de compagnies. Le Roi regarda d'un œil amusé la scène puis vint saluer Mme de Montespan. Il lui tendit la main pour l'inviter à danser, attirant ainsi les regards pleins d’envie des dames présentes.

    J’eus le bonheur d’offrir au Roi un présent : un panier garni des délices de Saintonge. Il était composé de confitures sèches à la poire, gourmandises préférées du Roi, élaborées à partir des recettes de Pierre-François La Varenne dans Le Parfait Confiturier publié récemment. Il y avait des conserves de compotes de pommes de nos vergers et plusieurs bouteilles de cette eau-de-vie fameuse qui fait la célébrité de la ville de Cognac. Enfin, j’y avais mis une création toute récente appelée le Pineau : ce vin doux né d’un mélange de moût de raisin et de cognac fera sans nulle doute le bonheur des papilles royales.

    La rédaction du Messager s’associe à moi pour souhaiter un excellent anniversaire et une longue et belle vie à notre bon Roi Louis le Quatorzième.

    Lucie M.


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  • ModeTu seras magnifyque, ma chérie !

    Récit des coulisses de la mode et du pouvoir dans les appartements de la Marquise de Montespan, par les plus coquettes et élégantes chroniqueuses mode de la rédaction.

    Le jeudi 20 Décembre 1674, nous avons entendu dire qu’un défilé de mode était donné dans les appartements de Françoise-Athénaïs de Rochechourt de Montemart, Marquise de Montespan, appelée également Mademoiselle de Tonnay-Charente. La curiosité était trop forte, impossible d’y résister. Pour y rentrer aucune invitation n'était nécessaire, nous en sommes restées bouche bée car nous pensions devoir jouer de stratégie et nous faufiler entre les personnes connues pour y assister. Il fallut tout de même jouer des coudes pour entrer car il y avait affluence, toutes les dames étant impatientes de trouver leur bonheur.

    La scène n'était pourtant pas idyllique pour tout le monde, certains essayages ressemblaient davantage à une séance de questions. Le Grand Inquisiteur était une couturière impitoyable. Ni le poids imposant des costumes, ni les corsets empêchant de respirer, ni les souliers trop étroits comprimant atrocement les pieds, ni les aiguilles transperçant la chair tendre des demoiselles, ne la faisait s'émouvoir. « Il faut souffrir pour être belle ! », serinait-elle, à chaque cri poussé. Certaines abandonnèrent le combat et retirèrent ces étriers douloureux pour se masser les pieds. Mais la plupart suivait notre hôtesse dans ses moindres mouvements, à l'affût de ses conseils pour être vêtue de la meilleure manière pour le prochain bal.

    La tenue choisie par la marquise était un grand habit digne des plus grandes cours, sa coiffure était assortie et rehaussée d’une pluie de diamants offerts par le Roi. De nombreuses dames importantes étaient là : Françoise-Marie de Bourbon, la duchesse de Chartres était en grande conversation avec Jeanne Françoise Aglaé d'Andlau, comtesse de Châlons à propos d’une robe qu’elles auraient voulu porter toutes les deux. Mais nous remarquons que Mme d'Andlau a placé sa mouche sur son menton, elle veut se montrer discrète...ne serait-elle déjà plus dans les petits papiers du Roi. Nul ne le sait, mais le Roi n’est jamais à court de prétendantes : Lydie de Rochefort-Théobon, Comtesse de Beuvron, demoiselle d’honneur de la Reine semble bien décidée à voler la vedette à Mme de Montespan dont les mauvaises langues disent qu’elle est à nouveau grosse. Enfin, la discrète Françoise d'Aubigné, Marquise de Maintenon a elle aussi toutes les chances de s’attirer les faveurs du Roi à ce bal avec la tenue exquise qu’elle envisage de porter. Notre Souverain aura donc fort à faire pour satisfaire toutes ces dames qui cherchent tant à lui plaire.

    Pour vous donner les derniers conseils mode, nous nous sommes adressées à l’unique et inimitable créatrice de tenues de soirée : Christina de La Cour, avec elle « vous pouvez être tranquilles, mes chéries, aucun fashion faux-pas n’est possible ! » Dans l’intérêt des lectrices du Messager, elle a gentiment accepté de se prêter à une petite interview.

    Le Messager : Quelle est la pièce-phare de cette collection ?

    Christina de La Cour : D'abord, il y a la robe manteau ouverte sur le devant. Elle se porte avec des manches resserrées à mi-bras par un ruban noué et fermé au poignet par des manchettes de dentelle. Cette robe se porte en toute occasion, notamment pour ce bal.

    LM : Quelles sont les couleurs tendances ?

    CdLC : Ma chérie ! Cet hiver, le rouge, le doré et le bleu marine, c'est top tendance !

    LM : Parlez-nous de la jupe, que faut-il faire pour être « sublyme » au bal ?

    CdLC : La jupe, Oulalalala ! Elle doit s'assortir avec le corsage suivant la matière, la couleur et autres motifs. Elle se double de plusieurs jupons pour qu’elle soit bien bouffante. Il faut que je rajoute une chose, mes chéries, à propos des bas. Ce n’est pas parce qu’on ne les voit pas qu’il faut les négliger. Ils sont toujours de couleur rouge, bleu, vert clair ou du moins d’une couleur claire. Sinon c’est la catastrophe !

    LM : Quel est l'accessoire qu’il faut porter pour mettre en valeur sa tenue ?

    CdLC : C’est l'éventail, bien sûr. On ne peut pas aller à la cour sans un éventail, c’est la touche glamour. Vous pouvez ajouter une jolie étole dorée pour l’élégance. Enfin, cet hiver, les chapeaux à fourrure ou à plumes sont indispensables à toute sortie en extérieur.

    LM : Une dernière question concernant la coiffure ?

    CdLC : D’abord, il faut que je me mette en colère. Arrêtez de cacher vos cheveux sales sous les perruques ! Ça ne va pas du tout ! Avec Eden Shoulders (traduit par « Le Paradis du cheveu »), à vous les cheveux longs et frisés à la pointe de la mode !

    LM : Merci Christina pour tous ces conseils avisés.

    Chères lectrices, vous êtes maintenant prêtes pour l'hiver et à la pointe de la mode !

     Chroniqueuses mode Chanèle R.T. et Kelli M.

    Illustration : Dessin satirique (La mode sous tous les angles) / Maxime M.


  • Nouvelle mort suspecte liée à l’affaire des poisons ?

    Le décès suspect d’une femme de chambre de la Maison de la Reine n’est pas sans rappeler aux experts de la Cour les souvenirs des exactions de La Brinvilliers. Dès que l’autopsie de la jeune fille a confirmé la mort par empoisonnement, le Lieutenant Général de Police Nicolas de la Reynie a mis ses meilleurs hommes sur cette affaire.

    Très tôt le matin du 24 décembre 1674, le cadavre de Ninon Lambert, 14 ans, a été découvert gisant sur sa paillasse dans le quartier des domestiques, sous les toits du château de Versailles. C’est sa camarade de chambrée, Pauline Verbois, de deux ans son aînée, qui, après avoir surmonté le choc de la découverte, a alerté les hommes de la Maison bleue.

    Les premières conclusions des gardes du corps de la Maison du Roi les ont amenés à évoquer la possibilité d’une mort non naturelle. Marqués par la récente affaire des poisons, ils ont jugé plus opportun de confier ce cas d’homicide au Lieutenant Général de Police Nicolas de la Reynie, déjà en charge de l’Affaire Brinvilliers.

    Celui-ci a immédiatement fait pratiquer une autopsie sur le cadavre de la malheureuse, ce qui a confirmé les premières constatations des enquêteurs. En effet, la jeune bonne avait ingéré, de gré ou de force, un mélange mortel d’arsenic et de bave de crapaud. Un procédé bien connu des services de Police, puisque c’est ce même breuvage qui avait envoyé outre-tombe les victimes de la Marquise de Brinvilliers. Mais difficile d’imputer à cette dernière la responsabilité de cette mort. En effet, bien qu’elle ait été condamnée à mort par contumace en 1673, elle est toujours en fuite et introuvable.

    Le commissaire en charge du dossier, privilégierai la piste de la rivalité entre domestiques, ce qui ne serait pas étonnant quand on connaît un peu le monde de la domesticité royale : il n’est pas rare malheureusement de voir ses membres en venir aux dernières extrémités pour des questions de sentiment, d’argent voire de préséance. Il ne négligera pas pour autant une autre théorie, qu’il a bien voulu évoquer à demi-mots, et qui serait beaucoup plus sordide puisqu’elle impliquerait des proches du Roi, pour lesquels Ninon aurait joué le rôle d’intermédiaire.

    L’enquête promet en tous les cas d’être longue et difficile, surtout si des membres de la Cour y sont mêlés. Tout un petit monde secret d’alchimistes, d’empoisonneurs ou de sorciers est tapis dans l’ombre du pouvoir, s’associant volontiers à ceux qui aimeraient comploter contre le Roi. Espérons donc que l’enquête ne révèlera pas un nouveau scandale qui jetterait le discrédit sur le règne de notre bien-aimé Roi-Soleil.

    Chroniqueur judiciaire Matis


  • Faits divers/DiplomatieIncident diplomatique à la Ménagerie royale !

    Scandale : un primate de la Ménagerie Royale s’empare indument de la perruque d’un des ambassadeurs envoyés par la Hollande pour entamer des négociations de paix avec le Roi de France. La péripétie qui aurait suscité les rires en temps normal, tourne à l’incident diplomatique.

    Louis le Grand avait pourtant reçu en grandes pompes les cinq ambassadeurs venus de Hollande dans le but de conclure un accord de paix dans la guerre qui oppose nos deux pays. Rien n’avait été laissé au hasard pour impressionner les représentants de l’Etat ennemi : repas de société fastueux, à huit services, alternant service d’orfèvrerie et service de porcelaine de Sèvre ; visite impériale des jardins dont le Roi était le chef d’orchestre ; parcours guidé pour exhiber les nouvelles installations de la Ménagerie Royale.

    C’est à ce moment qu’un primate, échappé de sa cage, ruina cette laborieuse mise en scène diplomatique. A la manière de la pire canaille, le singe s’empara d’abord de la perruque d’un des ambassadeurs, provoquant la stupéfaction de tous les courtisans et la colère du Roi. L’animal enragé, ne craignant nullement les foudres royales bondit au milieu des dames, hurlantes, grimpa sur les épaules d’une Mme de Maintenon tétanisée et emporta dans sa fuite la perruque qu’elle avait si bien arrangée.

    La disparition du ladre, permit à chacun de reprendre ses esprits : Mme de Maintenon dont la frayeur avait laissé place à l’embarras car ses cheveux clairsemés, emmêlés et sales ne lui donnaient pas fière allure, quitta promptement l’assemblée avec ses dames de compagnie. Monsieur l’Ambassadeur, quant à lui, garda la tête haute quoique sans perruque et dit au Roi d’un ton ironique : « Vos sujets, Monsieur, ont des instincts bien primitifs. » Ce bon mot ne fit qu’accroître la fureur de notre Souverain qui marmonnait que des têtes allaient tomber.

    La visite de la Ménagerie s’acheva donc brusquement et ne permit d’atteindre l’objectif recherché. On peut donc supposer qu’un accord de paix avec la Hollande n’est pas encore signé.

    N. G.

    Illustration : Le voleur


  • Relations diplomatiquesVers une amitié franco-germanique ?

    Le 22 janvier 1675, trois ministres de Cologne, de l’autre côté du Rhin se sont rendus à St Jean d’Angély pour rencontrer leurs homologues français. Cette visite en province, organisée en toute discrétion, vise à tisser des relations diplomatiques entre la France et l’Allemagne.

    Après trente longues années de combats acharnés entre nos deux nations, les ministres présents à St Jean cherchent à créer, grâce à cette rencontre qui se veut informelle, les conditions propices au dialogue et au partage. La France engluée dans la guerre de Hollande trouverait sans aucun doute chez son voisin germanique un allié de choix et pourrait mettre fin à ce carnage coûteux à tous niveaux.

    Rien de tel pour entamer les négociations « à la française », qu’un bon et long repas. C’est l’auberge « A la bonne chope ! » qui a eu le privilège de recevoir ces hôtes prestigieux. A leur sortie, nous leur avons demandé s’ils avaient apprécié la gastronomie française. M. Salat a bien voulu nous livrer ses impressions. « Madame Frankfurt, Monsieur Kartoffel et moin, nous sommes allés manger dans une auberge avec Messieurs et Madame les Ministres Tartiflette, de la Cour et du Gratin. D’abord, nous avons mangé des « kvisses de krenouilles », puis du bœuf pas « kvits » !, et comme dessert de la « krème prulée », une crème « kapute ». C’était fantastisch, köstlich, exquis !! »

    Ils ont ensuite fait la rencontre d’étudiants du collège Ste Sophie, et ils ont pu assister à un cours de mathématiques, auquel ils avouent n’avoir pas tout compris. En revanche, les Ministres sont tombés d’accord sur l’intérêt d’un projet d’échange scolaire entre Cologne et St Jean, pour renforcer les liens culturels et linguistiques entre nos deux pays.

    Ils ont poursuivi agréablement leur journée par une visite de la ville. M. Salat, qui était le plus à l’aise avec la langue de Molière, était visiblement enchanté et intarissable sur les mérites de la mode française. « Nous sommes allés à un défilé de mode ex-tra-or-di-naire ! Nous avons rencontré le tailleur et ses assistants, ses créations étaient sublimes jusque dans les moindres détails. SO SCHÖÖÖN ! Ensuite, le tailleur m’a offert une robe pour ma femme et à mon a-fis, elle fa a-to-rer, jaa !! »

    Ce voyage fut vraiment un grand succès diplomatique et commercial : les Français ont déjà passé une commande de 32 calèches Mercedes. Les ministres de part et d’autre du Rhin n’auront de cesse de convaincre leurs pays respectifs de l’intérêt à long terme qu’il peut y avoir à nouer des relations d’amitié entre nos deux peuples.

    AA.VV. 3e 2 et coll. G. Schneider

    Illustration : Les Ministres de Cologne et leurs homologues français (AA.VV. 3e2)





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