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    SociétéPapier timbré : la taxe qui enflamme les esprits

    Une nouvelle taxe déclenche une vague de mécontentement dans le milieu de la bourgeoisie marchande de St Jean. La municipalité craint que cette taxe ne vienne appauvrir encore plus les classes les plus fragiles sur qui reposeront à terme les prélèvements fiscaux.

    Après l’étain, le tabac, c’est au tour du papier timbré d’être taxé par volonté royale. En effet, Le surintendant des finances royales M. Colbert vient d’exiger un effort supplémentaire aux français pour financer les travaux titanesques à Versailles et la guerre de Hollande qui s’éternise. Les caisses de l’Etat semblent bien vides pour ponctionner ainsi à tout-va le peuple français. L’impôt sur la taille ne faisant qu’augmenter d’année en année, nous observons sur le territoire angérien un réel appauvrissement de la population. Le plus à craindre avec cette nouvelle taxe, qui touche principalement l’activité marchande, est de voir les prélèvements se répercuter sur les classes plus pauvres. Dans une ville qui s’enrichit du commerce du vin, l’inquiétude est grande car cette nouvelle taxe risque de rendre le commerce local moins compétitif vis-à-vis des hollandais dont la fiscalité est beaucoup moins lourde.

    Contre toute attente, des voix, ici et là, se lèvent pour dénoncer une taxe qui concerne tous les actes officiels comme les contrats de vente, les testaments et même parfois les registres d’état civil. C’est le cas en Bretagne, des milliers de paysans écrasés par les prélèvements des Seigneurs fonciers, ont rejoint Sébastien Le Balp, meneur d’un mouvement d’insurgés portant un bonnet rouge en signe de ralliement. « L’exemple breton pourrait trouver écho à St Jean », selon M. Martin, commerçant de la ville qui, lors d’un voyage d’affaires, a rencontré M. Le Balp qui exerce en tant que notaire royal à Carhaix. « Je constate que les commerçants ne peuvent plus faire face aux hausses d’impôts. Lorsqu’il devient difficile de faire vivre sa famille correctement, le risque est grand de tomber dans la violence ou de chercher à quitter le pays. C’est une menace sérieuse qui devrait interpeler les Ministres. »

    Il est, en effet, à redouter que ce mécontentement ne se transforme en révolte, si rien n’est fait en haut lieu pour calmer l’exaspération des populations. Nous attendons la visite d’émissaires qui auront pour mission d’évaluer l’impact économique et social de cette nouvelle mesure.

    Olivia V. et Alizée V.

    Illustration : Dessin de presse (Révolte des bonnets rouges) / Ilhan H.