• Critique Ramuntxo - Eklektika BayonneCritique Ramuntxo - Eklektika Bayonne


  • New Cririque de Benito Pelegrin - MarseilleNew Cririque de Benito Pelegrin - Marseille


  • New critique de Zibeline !New critique de Zibeline !


  • Retour sur l'aventure par Claude LabatAnfractuosités !

    Crise… Vous avez dit crise ?

    C'est donc que vous regardez la télévision et que vous respirez l'air ambiant qui veut que notre société soit en crise.

    Mais savez-vous que l'on ne vous dit pas tout à la télévision ?

    Et que l'air ambiant peut apporter des parfums subtils qui dilatent vos pupilles afin que vous puissiez voir, au-delà du petit écran, ce qui se passe tout près de chez vous.

    Tenez, moi par exemple, j'ai rencontré en 2015 une troupe de saltimbanques qui préparaient une pièce de théâtre. Ils m'ont demandé un coup de main pour cerner l'époque historique dans laquelle était censé vivre Scapin, le héros de la pièce. Je pensais ingénument qu'ils voulaient éviter quelques anachronismes ou soigner les éléments de décors.

    J'ai donc été surpris quand ils m'ont dit que mon travail consistait à alimenter des animations à côté du projet théâtral. Surpris mais intéressé, car j'aime bien les chemins de traverse qui croisent les routes nationales. La route pour moi c'était la pièce, cœur du projet des "Lézards qui bougent". Les sentiers de traverse que j'ai découverts étaient nombreux et permettaient au public de vivre une aventure peu ordinaire : profiter de l'aventure "Lézards" pour grappiller des petits bonheurs, comme quand on mange des mures le long d'un chemin.

    Imaginez… Vous qui avez (comme moi) presque tout oublié des cours d'histoire de l'école au lycée, l'émotion qui vous surprend quand vous êtes tout d'un coup happé par une pièce d'archive, un objet de musée, un monument devant lequel vous passez ordinairement sans le voir. Oui, l'histoire est d'abord émotion, et émotion veut dire "mettre en mouvement".

    Imaginez… Vous qui (comme moi) ouvrez le journal persuadé que les nouvelles ne seront pas tout à fait "nouvelles", vous savez d'avance ce que vous allez lire. Et voilà qu'on vous invite à rédiger l'article de journal que vous auriez aimé lire par exemple à l'époque où se déroule la pièce de théâtre que l'acteur est en train de répéter. Ecrire c'est laisser des traces pour que d'autres se mettent en marche et inventent leur histoire.

    Imaginez… Vous qui (comme moi) êtes fasciné par le théâtre, vous n'osez pas avouer que ça vous plairait bien d'aller voir ce qui se trame en coulisses. Et voilà qu'on vous convie à rencontrer l'homme qui crée le décor, et du coup vous voilà complice d'une histoire qui est bien plus qu'un spectacle.

    Imaginez enfin… Vous qui (comme moi) oubliez que des personnes ne peuvent plus se rendre dans un théâtre, ni participer à un atelier d'écriture, ni musarder au musée, ni rester ébahie devant le savoir faire d'un artisan. Et voilà qu'on vous entraîne dans une maison de retraite où des "vieux" et des "vieilles" partagent avec vous un moment de chaleur en évoquant des tranches de vie, des impressions, des émotions car, en définitive c'est aussi comme ça qu'on écrit l'histoire.

    Bref, j'arrête là cette liste des "retombées collatérales" de la création théâtrale 2016 des "Lézards qui bougent". Vous pourriez croire qu'ils m'ont soudoyé pour que je leur fasse un peu de publicité. Non seulement ce n'est pas le cas, mais je vais terminer mon propos en vous révélant le fond de ma pensée. Ils portent bien leur nom les "Lézards qui bougent". Dans notre société en crise, il y a des anfractuosités qui permettent aux Lézards de vivre dans un territoire méconnu. Le territoire où le bonheur ne se mesure pas en alignant des chiffres suivis d'un grand nombre de zéros mais en comptant les idées qui fusent, les compétences qui se croisent et les sourires qui s'échangent. C'est un territoire où les individus sont invités à cultiver leurs envies et leurs savoirs au lieu de consommer du prêt à penser. C'est aussi un territoire qui réunit tous les quartiers pour mieux construire la Cité. Enfin, c'est un territoire qui permet d'accéder au vaste monde et bonne route aux Lézards !  

    Dans ces anfractuosités il y a un terreau qui s'est formé au fil des années et qui ignore les engrais de la culture "bling-bling". C'est le compost des savoirs et des savoir-faire du peuple.

    Penchez-vous de temps en temps sur les anfractuosités de notre monde en crise… vous découvrirez que des fleurs y poussent. Parfois même des arbres !

    Claude Labat

     

     





    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique